Les sociétés riveraines et le fleuve: regards sur l'histoire des paysages

Philippe Valette, Maître de Conférences Université Toulouse Le Mirail, GEODE UMR 5602 CNRS.

Le fleuve garonnais est réputé pour son caractère difficile. Elle ne se laisse pas facilement dompter. « Farouche ou aimable Garonne », cette citation de Guy Mergoil représente l'ambivalence du fleuve. Cette description décrit assez bien les rapports complexes qui peuvent exister entre un fleuve et les sociétés. Chaque fleuve organise la vie des hommes entre fécondité et catastrophes. On attend avec impatience le limon, véritable fertilisateur des sols, mais on redoute ses colères et ses inondations terribles. Le terme d'inondation est révélateur de l'ambiguïté et de la complexité des rapports entre l'homme et les cours d'eau. Il est utilisé à la fois pour les pulsions catastrophiques du fleuve jaune et pour les montées lentes et fécondes du Nil. Le contexte socio-économique de la vallée de Garonne est différent mais il est possible de trouver des similitudes entre eux. L'histoire de Garonne est émaillée de multiples inondations dévastatrices. Jules Serret, dans « Les débordements de la Garonne et de ses affluents depuis les temps anciens jusqu'à nos jours » en 1900 a dénombré trente-trois débordements de 1710 à 1820. Parmi ces inondations, certaines ont été terribles, telle celles du Gran Ayguat de San Barnabé en 1712, de 1740 ou lou Gran Ayguat des Raméoux en avril 1770. 


Le débouché du canal latéral à la Garonne à Castets-en-Dorthe en Gironde (Didier Taillefer/SMEAG)

Le débouché du canal latéral à la Garonne à Castets-en-Dorthe en Gironde (Didier Taillefer/SMEAG)