Qu’est-ce qu’un paysage fluvial ?

Philippe Valette, Maître de Conférences Université Toulouse Le Mirail, GEODE UMR 5602 CNRS.

  Les paysages fluviaux correspondent aux portions de territoires qui sont en liaison avec le fonctionnement des hydrosystèmes et les usages des sociétés riveraines. Les paysages fluviaux sont d’abord des espaces soumis en permanence aux processus hydrologiques où alternent les étiages, les crues et les inondations. L’alternance de ces différents niveaux d’eau crée différents lits, s’étendant du lit mineur à l’ensemble du lit majeur. Les sociétés se sont adaptées à cette fluctuation hydrologique à travers différents aménagements (digues) ou usages spécifiques. Les secteurs fréquemment inondés sont par exemple occupés principalement par des peupleraies. Les secteurs, un peu plus hauts et moins fréquemment inondés sont occupés par une agriculture intensive. Ailleurs, en ville notamment, l’endiguement généralisé permet une urbanisation riveraine. Cette relation entre l’hydrosystème garonnais et les sociétés riveraines se traduit par un paysage qui se caractérise par trois enveloppes ou échelles spatiales principales : le paysage des berges, le paysage de la plaine inondable et le paysage de la vallée.


Paysages fluviaux : schémas
Paysages fluviaux : photos

Les trois enveloppes des paysages fluviaux dans le marmandais
Source : Philippe Valette

  Le paysage des berges est celui où un contact visuel avec le fleuve est permanent. La vue est rapidement obstruée soit par des bâtiments en ville, soit par la ripisylve en milieu rural. Cette limitation visuelle crée souvent des paysages fluviaux refermés sur eux-mêmes, difficilement observable de l’extérieur. Il s’agit de l’enveloppe liée au lit mineur et ses annexes (bras secondaires, îles, bras morts,…). La seconde enveloppe correspond au paysage de la plaine inondable. Ici, en cas d’inondation, les territoires peuvent être plus ou moins submergés. En fonction de l’importance et de la fréquence de cette submersion les usages socio-économiques sont bien différenciés (peupleraies, céréaliculture). Ces paysages fluviaux sont dominés par la platitude puisque l’altitude peu élevée du plancher alluvial écrase les perspectives. La dernière enveloppe ou échelle correspond au paysage de la vallée où sont intégrées les versants de la vallée (plus ou moins pentus en fonction des secteurs de montagne ou de plaine), les cônes de déjection en montagne et les terrasses alluviales. C’est en prenant de l’altitude, parfois de quelques mètres sur les terrasses alluviales, que de belles perspectives et des vues panoramiques apparaissent (lien panorama).

  D’autre part, les sociétés qui se sont installées sur ces territoires ont une ou des relations plus ou moins étroites avec la Garonne. Les villages situés sur les bords de la Garonne se sont organisés autour du fleuve. Ailleurs, les villages qui sont situés sur les terrasses alluviales, ou sur les versants sont à l’abri des inondations. Ils tissent néanmoins des liens étroits avec le fleuve à travers différents usages socio-économiques.

Paysages fluviaux : aspect transversal

L’aspect transversal des paysages fluviaux (Philippe Valette)

  Enfin, les paysages fluviaux conservent dans leur forme un caractère longiligne et longiforme puisqu’ils correspondent à un écoulement de l’amont vers l’aval. Cet écoulement, en fonction de l’altitude et des territoires traversés, détermine plusieurs unités paysagères où tronçons paysagers (lien tronçons paysagers).

Les paysages de la Garonne sont indissociables les uns des autres car le fleuve par son écoulement sert de lien entre les différents territoires. Mais la Garonne près de sa source ne ressemble en rien à celle près de son embouchure, de sorte qu’il est possible de différencier dans la vallée quatre tronçons différents : la Garonne montagnarde, la Garonne de piémont, la moyenne Garonne et la Garonne maritime.


Paysages fluviaux de la Garonne, SMEAG 2008

Source : Smeag, 2008.